Alors, pour commencer, j’aimerais préciser quelques petites choses sur moi pour que vous
compreniez comment je fonctionne. Donc, il faut savoir que depuis que je suis petite, j’ai toujours
été le genre de personne qui essaie de tout comprendre. Je ne peux pas passer une journée sans me
torturer les méninges. Je cherche tout le temps à connaître le pourquoi du comment de tout ce qui
se trouve autour de moi. Il arrive d’ailleurs assez souvent qu’une personne, que je ne citerai pas mais
qui se reconnaîtra, me dise d’arrêter de réfléchir à des choses dont on ne connaîtra jamais la vérité.
Elle me raconte toujours cette histoire que je connais par cœur pour ponctuer ses propos : celle
d’Augustin qui cherchait à tout comprendre de Dieu. Dans l’histoire, Augustin aurait vu, dans un rêve,
un enfant qui, avec un petit seau, prenait de l’eau de la mer pour la verser dans un trou qu’il avait
creusé au préalable. Augustin aurait alors demandé à l’enfant ce qu’il faisait, question à laquelle
l’enfant aurait répondu : « J’essaie de vider l’eau de la mer ». Augustin aurait rigolé et se serait
exclamé : « Toi, avec ton petit seau, tu veux vider la mer ! ». Et l’enfant, se tournant vers lui, aurait
rétorqué : « Toi, avec ton petit cerveau, tu veux tout comprendre de Dieu ! ». Cette histoire, je crois
l’avoir entendue une bonne centaine de fois. Évidemment, je sais que la personne qui me la raconte
sans cesse a raison, étant un être humain et donc de nature très subjective de par notre vision
étriquée du monde, je ne peux pas tout connaître. Mais, évidemment, je n’en fais rien. Pas que je
sois super têtue, même si c’est quand même le cas, mais j’ai toujours su au plus profond de moi que
la quête de la connaissance serait celle de toute ma vie. Alors, tant pis si je dois vider l’eau de la mer
avec mon petit seau, je suis prête à tout pour amasser un maximum de connaissance, surtout
lorsqu’il s’agit de Dieu.
Donc, maintenant que vous en savez un minimum sur moi, passons au témoignage.
Comme vous le savez sûrement tous, je suis née dans une famille chrétienne. Mes parents m’ont
donc parlé de Jésus depuis que je sais comprendre le français et je prie, du coup, depuis que je sais
parler. En somme, j’ai toujours cru en Dieu et je n’ai, à aucun moment, douté de Son existence. Au
début, évidemment, ce n’était pas parce que j’y avais réfléchi longuement mais parce que je n’avais
aucune raison de remettre en cause le fait qu’Il existe. Au final, vu que cela m’apportait la sécurité,
l’espoir, l’amour et le sentiment de savoir où j’allais, je préférais y croire que de m’imaginer seule
dans ce monde remplit de désespoir. Aujourd’hui, c’est différent. J’ai fait mes recherches sur ce sujet
et j’en ai fait tellement que, maintenant, je peux dire que je suis persuadée de l’existence de Dieu.
Pendant mon enfance, comme je le disais, je ne réfléchissais pas trop à la question de Dieu. Mais, si
je dois retenir un gros fait pendant cette période c’est la sensation étrange d’être observée partout
et en tout temps. Au fur et à mesure que je prenais conscience de mes actes, je ressentais cette
impression de ne jamais être seule. Ça peut sembler flippant lorsque je dis ça mais, en fait, ça ne l’est
pas du tout. Je ne ressentais, et ne ressens encore aujourd’hui, aucune colère et aucun jugement
dans ce regard. C’est juste le sentiment que quelqu’un m’observe avec amour, analysant mes
réactions pour me protéger, comme un parent sécuriserait les prises électriques pour que son enfant
ne s’électrocute pas. Ce sentiment, au début, je ne savais pas d’où il venait. J’ai eu beaucoup de
théories à ce sujet mais aucune ne semblait convenir à la réalité. Quoi qu’il en soit, j’ai grandi avec
cette sensation omniprésente d’être seule sans jamais l’être à 100%, comme s’il y avait autre chose
que le visible.
Lorsque je suis rentrée en secondaire, j’avais de plus en plus de mal par rapport à ma foi. Bien sûr, je
sentais toujours ce regard posé sur moi, mais à force de le sentir j’en venais à douter. Après tout, je
pouvais très bien être folle ou imaginer tout cela… En tout cas, l’adolescence a été une période de
ma vie assez dure car mes amis étaient du genre à rejeter tout ce qui était du domaine de la
réflexion, autant dans le secteur religieux que dans le philosophique, alors que moi j’avais besoin de
réponses et je n’avais qu’une seule envie : comprendre le point de vue des gens sur le monde. Quoi
qu’ils puissent m’apporter, j’étais en recherche permanente de la vérité. Évidemment, au plus je
grandissais, au plus j’avais la sensation que je connaissais la vérité, et ce depuis toujours. Mais c’était
plus fort que moi. Même en ayant la sensation que je savais, je voulais comprendre les fils rouges, ce
qui unit tout ce qui existe dans ce monde. Après tout, la vérité est une alors tout ce qui existe doit
refléter cette vérité. Mais, évidemment, ce n’est pas aussi simple. Comme j’aime le dire : « le monde
est un désordre absolu qu’on s’évertue à vouloir comprendre en y mettant de l’ordre ».
Vers la fin de ma secondaire, ma meilleure amie de l’époque a commencé à tomber dans l’anorexie.
Et là, j’ai dû faire un choix. Soit, je décidais de l’aider en l’écoutant et en essayant de la comprendre
au risque de tomber avec elle. Soit, je décidais de l’aider en lui parlant de choses joyeuses et en
essayant de la guider pour qu’elle retrouve sa confiance en elle. J’ai fait le mauvais choix et je l’ai
suivi en devenant petit à petit boulimique. Je voulais tellement la comprendre que je me disais que,
si je me trouvais dans le même état qu’elle, je me débrouillerais après pour trouver les clés qui
m’aideraient à m’en sortir et je pourrais ensuite l’aider à faire de même. Je comptais sur mes propres
forces et voulais arriver à tout faire par mes propres moyens, sans l’aide de personne. Bien sûr, je
croyais toujours théoriquement en Dieu. Seulement, au lieu de Lui dire « Que Ta volonté soit faite »,
je lui demandais de m’aider à me torturer moi-même, de me donner la force pour ne pas trop me
faire de mal.
À ce moment-là, je sortais avec un garçon auquel j’étais très attachée. Lorsqu’il est parti dans un
autre pays, ça m’a brisé le cœur mais ça m’a aussi donné une claque monumentale. Je n’en pouvais
plus de mes crises à répétition et juste le sentiment que je n’aurais plus mes petits moments de
bonheur où je pensais à autre chose qu’au poulet frit m’était insupportable. C’est à cet instant-là que
j’ai choisi d’arrêter de décider ce qui était bien ou mal pour moi. Ce soir-là fut la première fois où,
dans ma prière, j’arrêtai de demander à Dieu de faire ma volonté et que je Lui ai dit « Qu’il soit fait
selon ce que Toi Tu désires et non selon ce que moi je désire ». En un mois, j’étais guérie de la
boulimie.
Si vous avez remarqué ; jusque-là, je croyais en Dieu théoriquement. Je pensais connaître Dieu mais
je n’avais pas de réelle relation avec Lui. Dans ma tête, Dieu existait. Mais mes actes étaient toujours
faits selon mes principes moraux. J’étais honnête parce qu’on m’avait appris à l’être et que je me
raisonnais à chaque fois que j’étais tentée de mentir. Je n’étais pas honnête parce que ça coulait de
source. Pour moi, il y avait juste une étiquette sur ce qui était bien et ce qui était mal mais je ne
ressentais pas vraiment que ça l’était.
Vers la fin de ma sixième secondaire, mes parents nous inscrivîmes à un camp à Mozet avec le Phare.
C’était le 19 et le 20 mai 2018. Ces deux jours ont marqué un tournant dans mon existence et je crois
que si je devais choisir un évènement qui correspondrait à ma deuxième naissance, je dirais ce camp,
sans hésitation.
Il faut savoir que, avec ma famille, on a connu le Phare grâce à l’intermédiaire de Rachel et de Dona
et Gianni. Rachel et moi, nous nous sommes rencontrés en maternelle. On formait un trio
inséparable avec une autre fille. Quand j’étais petite, j’adorais venir au Phare. Vu que je m’ennuyais à
l’église avec mes parents et que je n’y comprenais rien, le Phare me donnait l’impression d’être à ma
place et que louer Dieu était comme faire la fête. En grandissant, notre trio s’est distancé et l’église
du Phare n’était bientôt plus qu’un souvenir lointain pour moi. Seulement, mes parents avaient
gardé contact avec Gianni et Dona et, petit à petit, ces derniers leurs proposèrent de participer à leur
Groupe De Maison. Au détour d’une conversation, mon père leur parla de son sujet préféré : la
diététique. Les personnes du GDM lui proposèrent alors de venir au weekend d’église qui allait
bientôt arriver pour faire une conférence sur ce sujet. C’est comme ça que notre famille au complet
arriva à ce fameux weekend.
Le samedi, nous assistâmes à notre premier culte au Phare. Ce moment-là, je crois que je m’en
souviendrai toute ma vie. J’ai tellement ressenti la présence de Dieu que j’ai cru que j’allais pleurer
de joie. C’était comme si je découvrais ce que c’était que l’amour. Je n’avais jamais ressenti ça avant,
un sentiment de telle plénitude… Comme vous le voyiez par le fait que je fais mon témoignage par
vidéo, je suis quelqu’un de très stressée par le regard des autres. L’idée même que l’on puisse voir
mes émotions me terrifie. Alors, lorsque j’ai ressenti cet amour et cette bonté, c’était tellement fort
que l’espace d’un instant j’ai cru que j’allais pleurer de joie, ce qui ne m’arrive jamais étant donné
mon blocage par rapport au regard des autres. Cette expérience m’a littéralement bouleversée car
cette émotion ne venait pas de moi. Ça ne pouvait tout simplement pas venir de moi. C’était
beaucoup trop fort.
Après ce culte et durant tout le restant du weekend, j’ai eu l’impression d’être sur un nuage. Vu que
j’ai ce défaut de me comparer constamment aux autres, je ne m’attendais pas à ce que cela change.
Et pourtant, pas une seule fois, en l’espace de ces deux jours, je ne me suis comparée. J’aimais tout
le monde et tout me semblait génial.
Depuis, ce n’est plus un devoir d’aller à l’église, j’en ai envie et je suis prête à me lever tous les jours
pour aller à l’église si je le pouvais. Toutes ces choses que je faisais parce qu’on m’avait dit que c’était
bien, je les fais maintenant parce que ça me semble couler de source.
Après ce weekend, j’ai eu beaucoup d’autres interrogations, j’ai toujours des défauts et je n’ai,
évidemment, pas arrêté mes recherches. Mais dorénavant, tout a changé de sens. Je ne cherche pas
à regarder le monde pour comprendre Dieu, je regarde Dieu pour comprendre le monde. Je ne
m’empêche pas de péché parce qu’on m’a dit que ce n’était pas bien, je m’empêche de péché parce
que je sais, dans une certaine mesure, à quel point ça me détruit et détruit les gens autour de moi.
Maintenant, je fais tout à la lumière de l’amour. Je sais à quel point je suis aimée. Je sais que, pour
Dieu, je suis un bijou inestimable. Et je sais que tout ce que je possède est un cadeau.
J’ai l’impression qu’aujourd’hui mes yeux se sont ouverts. Je vois tous les signes que Dieu a mis dans
ma vie, toutes ces coïncidences, tous ces fils rouges. Je vois enfin ce pour quoi je suis faite et à quel
point tout ce que je suis est là pour m’aider à connaître Dieu. Et surtout, je vois à qui appartient ce
regard plein d’amour que je ressens depuis mon enfance.
Alors qu’avant j’avais honte de croire en Jésus. Maintenant, je n’ai plus aucune honte. Si la personne
que je décide de suivre me révèle ce qu’est réellement la liberté, me montre à quel point chaque
personne est extraordinaire et me guide pour que chaque pas soit un de plus vers le bonheur absolu,
pourquoi aurais-je honte ?
La seule chose dont j’ai honte maintenant est de l’avoir renié quand j’étais plus jeune. Et je sais bien
que le chemin est encore long, que j’ai beaucoup de chaîne qui m’emprisonnent. Mais je sais aussi
qu’avec le Seigneur je me débarrasserai de toutes ces chaînes qui me retiennent prisonnière et du
nombre incalculable de peurs que je traîne avec moi. J’y arriverai parce que je L’aime et parce qu’Il
m’a aimé le premier en me le prouvant à la croix.
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